Mercredi 29 mai : La
« biorégion » comme territoire en transition
Conférence débat d’Agnès SINAI – journaliste environnementale, animée par
Thierry PAQUOT – philosophe
Agnès SINAI, co-fondatrice avec Yves COCHET de l’Institut Momentum, a présenté lors de cette conférence débat, un scénario de transition pour 2050 de l’Ile-de-France, commandé à cet Institut par le Forum Vies Mobiles – think tank de la mobilité soutenu par la SNCF pour imaginer la transition vers des modes de vies plus durables et désirés .
Risques d’effondrement de l’Ile-de-France
Les signes d’un effondrement de nos systèmes thermo-industriels se multiplient : épuisement des ressources naturelles, dérèglement climatique, déclin de la biodiversité, congestion et pollution liées à nos déplacements croissants… S’oriente-t-on vers une catastrophe planétaire ? L’hypothèse de l’effondrement semble avoir fait son chemin et devient crédible si aucune mesure politique sérieuse n’est prise pour l’éviter.
Pour le futur : transition ou effondrement ?
Notre système de mobilité joue un rôle central dans les risques systémiques actuels.
Il est urgent de repenser nos modes de vie futurs en prenant conscience du caractère limité de nos ressources et de la très faible résilience des mégalopoles.
Pourquoi imaginer une Île-de-France après l’effondrement ?
Le Forum Vies Mobiles préconise d’anticiper la possibilité d’un effondrement systémique afin d’en limiter autant que possible les conséquences par l’adoption de modes de vie plus sobres en énergie, de politiques d’évitement des déplacements inutiles ou subis et de politiques de résilience des territoires.
Caractérisée par une densité humaine et bâtie hors normes, la métropole francilienne, engorgée par des embouteillages à répétition, souffre de pics de pollution et de plus en plus souvent de températures caniculaires en été. Son extrême dépendance à un système de production et de distribution lui-même mondialisé la rend vulnérable. De ce fait, elle constitue un cas d’école pour penser l’effondrement et la manière de l’anticiper via une politique de sortie du « tout voiture » et plus généralement, la fin de notre addiction au pétrole et de la dépendance alimentaire.
Le visage de l’Île-de-France en 2050 : une réorganisation en biorégions
A contrario de la centralisation actuelle, une nouvelle société francilienne, en rupture avec la précédente, se serait organisée progressivement en huit biorégions. Il s’agirait de territoires plus autonomes découpés de façon à permettre aux populations de vivre en indépendance alimentaire et énergétique, ce qui limiterait les déplacements des individus et des marchandises. Plutôt qu’une organisation administrative et politique basée sur un découpage arbitraire (en fonction notamment des infrastructures ou des intérêts économiques et politiques), c’est l’écosystème naturel qui serait pris en compte, avec pour objectif de réduire la dépendance aux grandes industries agroalimentaires.
Côté transports, le nombre de véhicules individuels serait divisé par 55, soit 90 000 voitures en Île-de-France en 2050, contre cinq millions en 2015. La traction animale serait à nouveau développée et les lignes ferroviaires secondaires réhabilitées.
En 2050, la consommation énergétique de la région aura été divisée par trois et sa population par deux. L’emploi agricole deviendra la première source d’activité devant les services marchands et les services publics.
Les recommandations de l’institut Momentum pour faire face à l’effondrement en Île-de-France
- Diviser par deux le nombre d’habitants dans la région. Plutôt que d’attendre une décroissance démographique forcée, il faut organiser une déconcentration des activités. C’est d’autant plus plausible que des études récentes soulignent qu’une personne sur deux souhaite quitter l’Île-de-France.
- Réduire progressivement la consommation énergétique par habitant à une tonne équivalent pétrole, soit une division par 2,6 par rapport à la moyenne nationale actuelle. Développer un réseau de production locale d’électricité afin de tendre à l’autosuffisance énergétique.
- Réduire les déplacements et le nombre de voitures : passer d’environ cinq millions aujourd’hui à moins de 90 000 véhicules en Île-de-France en 2050. Ouvrir les champs aux circulations pédestres ; développer une culture du cheval et de la traction animale. Valoriser et réhabiliter les lignes ferroviaires secondaires en Île-de-France.
- Promouvoir une nouvelle donne économique basée sur la proximité des échanges, les énergies renouvelables et la gestion des communs par un établissement foncier agricole biorégional et des manufactures coopératives.
- Promouvoir les métiers manuels et le low-tech. Passer de dix mille emplois agricoles en 2017 en Île-de-France, à environ un million et demi en 2050.
- Transformer en polycultures les 600 000 hectares de surface agricole utile de l’Île-de-France afin de garantir son autosuffisance alimentaire.
- Assurer la continuité des trames vertes par l’insertion de parcs agricoles urbains résorbant les entrées de villes.
- Valoriser le rationnement comme principe d’égalité des citoyens et de lutte contre le dépassement écologique.
Résumé de l’étude disponible ici.
Comment un tel scénario est-il susceptible d’inspirer celui de la transition nécessaire de nos territoires en Indre-et-Loire ?